La Maison des Notaires de France
60 Boulevard de La Tour-Maubourg, 75007 Paris
Le Conseil supérieur du notariat occupe le 60 boulevard de La Tour Maubourg depuis octobre 2006. Il y fait réaliser des travaux de mise aux normes, permettant ainsi d’accueillir ses salariés, les membres du Bureau du CSN, l’Assemblée générale du CSN, ainsi que tous les notaires de France qui le souhaitent, avec leurs clients, pour des rendez-vous de signature d’actes authentiques.
Le terrain au milieu du 19ème
L’histoire du bâtiment actuel remonte au milieu du 19ème siècle, précisément par un décret du 15 juillet 1858 qui déclare d’utilité publique le prolongement de l’avenue de La Tour-Maubourg depuis l’avenue de La Motte Piquet jusqu’au Quai d’Orsay, en face du Pont des Invalides. Le terrain fait partie d’un immeuble sis rue de Grenelle Saint-Germain, n° 129 et avenue de la Motte-Piquet, n° 143, désigné sous le nom de Buanderie des Invalides d’une contenance de 3209 mètres 20 centimètres, acquis par la Société Tétu, Brossonneau et Brunot, aux termes d’une convention avec la ville de Paris, en date du 9 décembre 1861, laquelle stipulait que « dans le délai de trois ans à compter du jour où l’avenue aura été ouverte entre la rue Saint-Dominique Saint-Germain et l’avenue de la Motte-Piquet, MM Tétu, Brossonneau et Brunot feront élever par leurs ayants-droits des maisons à usage d’habitation sur le terrain qui leur resterait en bordure de l’avenue nouvelle. Le lotissement de ce terrain sera préalablement communiqué à l’administration municipale pour être examiné au point de vue de l’exécution du décret du 26 mars 1852 ». Cette convention détaillait également le cahier des charges de la construction d’un point de vue architectural, mais stipulait également qu’en cas de non-construction dans le délai imparti, « ils mettront en vente les terrains restants et imposeront à leurs acquéreurs l’obligation de construire dans un délai de deux ans ».
Conformément aux termes de cette convention, le 12 août 1867, le Duc Paul de Noailles, demeurant 43 rue de l’Université, fait l’acquisition d’un premier terrain d’une contenance de 224 mètres 47 centimètres « situé à Paris, septième arrondissement, boulevard de La Tour-Maubourg, à l’angle de la rue de Grenelle Saint-Germain » par acte passé par devant Me Persil. Puis, le 4 février 1868, il achète au Comte de Bruce un second terrain d’une contenance de 1283 mètres 18 centimètres, sis à Paris, rue de Grenelle Saint-Germain, dépendant de la maison ou petit hôtel, portant sur cette rue le numéro 139. Ce terrain est contigu au terrain sis à l’angle de cette rue et du boulevard de La Tour-Maubourg, acquis précédemment.
Né à Paris en 1802, Paul de Noailles, homme politique, y meurt le 29 mai 1885. Il siège à la chambre des Pairs à partir de 1827 et devait y rester pendant toute la monarchie de Juillet. Il est nommé membre de l’Académie française en remplacement de Châteaubriand en 1849. En 1871, il est ambassadeur à Saint-Pétersbourg. Protecteur des lettres, on lui doit principalement deux ouvrages : « Saint-Cyr, histoire de la Maison royale de Saint Louis, établie à Saint-Cyr » (1848) et « Histoire de Madame de Maintenon et des principaux événements du règne de Louis XIV » (4 volumes 1848-1858). Il est chevalier de la Toison d’or.
Son fils Jules, Charles, Victurnien de Noailles d’Ayen, né le 12 octobre 1826, mort à Paris en 1895 au 60, boulevard de La Tour-Maubourg est économiste, auteur de plusieurs ouvrages : « De la décentralisation en Angleterre » (1864), « De la Représentation des minorités » (1870), « Revenu, capital et salaire » (1872), « Recherches sur l’estimation de la richesse nationale et privée en France et en Angleterre » (1875), « L’agriculture et l’industrie devant la législation douanière » (1881), « Cent ans de république aux Etats-Unis » (1886-1891). Il succèdera à son père en 1885.
Le bâtiment sous les Ducs de Noailles
En 1869, le Duc Paul de Noailles construit sur les terrains acquis un hôtel « élevé sur caves d’un rez-de-chaussée, de 3 étages (566 mètres) et de vastes dépendances (312 mètres) », suivant les indications figurant sur le cadastre de la ville de Paris. Le 23 octobre 1880, le Duc Paul de Noailles acquiert ensuite « la majeure partie d’un grand bâtiment sis à Paris rue de Grenelle Saint-Germain sur laquelle il porte les numéros 131, 133, 135 et 137… Ce bâtiment est élevé sur cour d’un rez-de-chaussée distribué en boutiques et entrées des escaliers, de deux étages carrés et d’un sous-comble brisé en divers petits appartements ». Il est situé entre la rue et le jardin du Duc Paul de Noailles et comprend plusieurs boutiques, louées avec des chambres.
C’est à Hippolyte Alexandre Destailleur, né en 1822 et mort en 1893, qu’est confiée la construction de l’hôtel. Architecte de renom, on lui doit également la construction et la restauration de nombreux châteaux et hôtels : le château de Maintenon, le Château de Noailles, l’hôtel de Crillon, l’hôtel de Lauzun, l’hôtel de Biron.
Entre 1889 et 1890, Jules de Noailles poursuit l’œuvre de construction entamée par son défunt père en faisant agrandir l’hôtel. Lors de son décès en 1895, l’hôtel est décrit de la façon suivante : « un grand hôtel, sis à Paris, septième arrondissement dit du Palais Bourbon, boulevard de La Tour-Maubourg, n° 58 bis et 60, faisant l’angle de la rue de Grenelle sur laquelle il comprend le numéro 135 et partie du numéro 137, consistant en :
- Un bâtiment d’angle sur rue, élevé sur caves d’un rez-de-chaussée de deux étages carrés et d’un troisième étage en brisis avec lucarne
- Un bâtiment annexe élevé sur caves d’un rez-de-chaussée de deux étages carrés et d’un troisième étage en brisis avec lucarne
- Un grand bâtiment sur cour à droite élevé sur caves d’un rez-de-chaussée et de trois étages carrés
- Un grand bâtiment au fond avec aile de chaque côté sur cour, élevé sur terre-plein et d’un premier étage en brisis
- Un bâtiment sur cour à gauche, élevé sur terre-plein d’un rez-de-chaussée et d’un étage en brisis
- Un bâtiment sur la rue de Grenelle élevé sur caves d’un rez-de-chaussée de deux étages carrés et d’un troisième étage mansardé
- Grande cour d’entrée, petite cour et trois courettes
- Le tout d’une contenance superficielle de mille sept cents mètres et un centième ».
Après 1895
Le 24 juin 1895, l’hôtel est acquis à l’amiable par Madame Elisabeth Adèle Alix de Talhouët Roy, Marquise de Juigné, veuve de M. Henry Christian Anatole Leclerc, marquis de Juigné, qui y demeure.
Aujourd’hui doté d’un centre d’affaires pour les notaires et leurs clients, de bureaux pour ses représentants et ses salariés, de salons de réceptions, mais aussi d’un amphithéâtre de près de 200 places, construit dans les années 30 et dont la rénovation récente de 2020 offre des équipements audiovisuels à la pointe de la technologie, la Maison des Notaires de France est le reflet de la profession notariale, qui conjugue, depuis des siècles, tradition et modernité.